La dysfonction érectile (DE) est définie par l’OMS (ICD-11) comme l’incapacité persistante ou récurrente à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour une activité sexuelle satisfaisante. Ce trouble affecte jusqu’à 54 % des hommes entre 65 et 70 ans et constitue un enjeu majeur de santé publique. La DE impacte la qualité de vie des patients et de leur partenaire, et représente également un marqueur de risque cardiovasculaire.
Face aux avancées récentes, l’Association Française d’Urologie (AFU) et la Société Francophone de Médecine Sexuelle (SFMS) ont publié en 2025 de nouvelles recommandations pour la prise en charge thérapeutique de la DE.
Comprendre la DE : une évaluation globale
L’évaluation repose sur le modèle biopsychosocial :
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Physiologique
Causes vasculaires, neurogènes, hormonales, métaboliques.
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Psychologique
Dépression, anxiété de performance, troubles relationnels.
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Comportementale
Habitudes de vie (tabac, alcool, activité physique).
Le questionnaire IIEF-5 aide à quantifier la sévérité de la DE. Le bilan inclut l’évaluation des risques cardiovasculaires, le dosage de la testostérone, et, si besoin, une exploration pénienne par doppler.
Principes thérapeutiques : personnalisation et éducation
La prise en charge combine :
- Traitement symptomatique.
- Correction des causes sous-jacentes.
- Interventions éducatives et psychosexologiques.
Optimiser les facteurs de mode de vie
Modifications recommandées :
- Arrêt du tabac et modération de l’alcool.
- Exercice physique : 150–180 minutes par semaine.
- Régime méditerranéen.
- Perte de poids en cas d’obésité.
- Contrôle glycémique chez les diabétiques.
Traitements de première intention
- IPDE5 (sildénafil, tadalafil, vardénafil, avanafil) : à la demande ou en prise quotidienne.
- Adaptation progressive de la dose.
- Prudence en cas de risque cardiovasculaire élevé.
Traitements de deuxième intention
- Alprostadil par voie intra-caverneuse ou intra-urétrale.
- Combinaisons : IPDE5 + alprostadil ou IPDE5 + vacuum.
Traitements mécaniques
- Vacuum therapy : solution universelle.
- Implants péniens : en cas d’échec des traitements conservateurs.
Thérapies émergentes
- Ondes de choc extracorporelles : pour DE légère à modérée.
- Thérapies cellulaires et PRP : en recherche clinique.
Prise en charge des comorbidités
- Déficit en testostérone : traitement substitutif si nécessaire.
- Maladies cardiovasculaires : contrôle des facteurs de risque.
- Dépression : prise en charge adaptée.
- Apnée du sommeil : traitement spécifique.
Importance de l’accompagnement psychosexologique
- Explication physiopathologique.
- Gestion de l’anxiété.
- Thérapie de couple et approche comportementale.
Focus chirurgical
- Revascularisation : option pour DE d’origine traumatique chez les jeunes patients sans comorbidités.
Conclusion
La prise en charge de la dysfonction érectile doit être globale, personnalisée et multidisciplinaire. L’application rigoureuse des recommandations AFU/SFMS optimise les résultats cliniques et la satisfaction des patients.